01-2.Fantastiques peintures

Une image peut en cacher une autre

L’iconographie est l’étude des diverses représentations figurées d’un sujet. À partir des années 1930, l’historien de l’art et essayiste allemand Erwin Panofsky (1892-1968) va théoriser la méthode de l’iconologie, qui consiste àinterpréter et découvrir le sens profond d’une œuvre. Cette méthode se base sur des étapes structurées de lecture.

Mais que se passe-t-il quand les perceptions du spectateur sont ébranlées ? Comment celui-ci peut-il identifier la narration d’une peinture quand une image se teinte d’ambiguïté ?

Les maîtres de la Renaissance avaient fondé tout leur œuvre autour de l’imitation de la nature et de la mimésis. Les architectures étaient régies par des perspectives parfaitement construites et les paysages par la représentation de la Bella Natura. Toutefois, comme l’a parfaitement montré l’exposition « Une image peut en cacher une autre », présentée au Grand Palais en 2009, ils ont aussi su donner une double lecture à certains de leurs tableaux. Celui qui, par excellence, s’est employé à se jouer des conventions est le peintre maniériste Arcimboldo (vers 1527-1593). Reprenant les codes des portraits royaux, de profil ou de trois quarts, il figure ses personnages à partir de compositions florales, végétales ou animales, leur donnant ainsi une allure étrange, voire grotesque. Ce faisant, il porte la nature morte au rang des grands portraits, ébranlant ainsi la hiérarchie des genres, et les canons classiques.

Dans le même temps, d’autres procédés de dissimulation d’images apparaissent, comme les anamorphoses, dont la plus fameuse est la tête de mort dans le double portrait des Ambassadeurs d’Hans Holbein le Jeune (1497-1543), peint en 1533.

Par la suite, des artistes comme Philippe de Champaigne (1602-1674) ou Jacob van Ruisdael (1628-1682) ont dissimulé des visages dans les rochers de leurs paysages, recourant à leur tour à ces effets d’optique par jeu, ou pour braver des interdits de représentation.

Dans les années 1910-1930, l’arrivée des avant-gardes en Europe et l’apparition de nouvelles techniques artistiques, comme le collage, vont en effet troubler les représentations du réel. Les œuvres vont se charger de polysémie, les rendant ambivalentes et plus difficiles à interpréter. ♦C.P.

01-2.Fantastique peintures